mardi 8 novembre 2011

Impressions de Laetitia et Christel, éco-volontaires à Muringa Farm en Octobre 2011

Laetitia, 38 ans, de Colmar (Alsace):
Quel séjour authentique et passionnant !
J’ai pu découvrir le Kenya sous son vrai jour, ses habitants chaleureux, courageux et quelques fois résignés devant les difficultés de la vie.
Il y a Harriet, maman d’une famille nombreuse, enseignant bénévolement aux enfants d’un camp de réfugiés, quel courage !
Arrivées sur le site de l’école, les nombreux enfants nous accueillent avec une vive curiosité et une joie franche. Ils écoutent quand même attentivement leur maîtresse, et, serrés les uns contre les autres sur des bancs improvisés, ils respectent le silence studieux et participent activement.
Suivent le porridge nourrissant, accueilli avec fébrilité, et une partie de football improvisée très joyeuse ! Nous avons apporté aux réfugiés également de la nourriture pour 15 jours.
La visite chez Liliane fut tout aussi émouvante. Voir cette mamie remplie de générosité accueillant les enfants orphelins de Subukia, dans sa maison, sans aide publique : je ressentais de l’admiration devant tant de courage et de la tristesse pour ces enfants sans parents.
Grace au système solidaire mis en place par Erick et Astrid, les deux structures (camp de réfugiés et orphelinat) peuvent être approvisionnées en nourriture régulièrement ! (respectivement 1 fois par semaine et deux fois par mois) et la scolarité de certains enfants peut être payée, par l’intermédiaire de l’association française ASES (Aide et Soutien aux Enfants de Subukia, email: roseline.sanitas@gmail.com)
Dans le même registre « rencontre émouvante », faire la connaissance posthume d’une Kenyanne d’adoption « Mama Daktari » par l’intermédiaire de son livre et de sa maison, quelle émotion devant une telle femme, respect !
L’occasion nous a été donné de participer à la messe du dimanche. Les Kenyans pratiquants fêtent leur foi : gospel, chants joyeux accompagnés de guitare électrique et de batterie, surprenant !
Le Kenya c’est aussi bien sûr une faune étonnante, si variée et si fascinante ! Le safari au lac de Nakuru fut rempli de surprises : découverte d’un groupe de 6 lions, assoupis à 10 mètres de la voiture, quelle chance rare ! Puis fascination devant ces majestueuses girafes si gracieuses, comment la nature a-t-elle pu créer des êtres vivants si beaux ?! Puis vinrent une « monstrueuse » maman rhinocéros et son petit, les troupeaux de buffles si impressionnants, les « baboons » si malins. Le lac Nakuru, c’est aussi ses magnifiques bancs de pélicans et de flamants roses, que de beauté !
Moins connues, mais tellement attachantes et adorables, sur le site de Muringa Farm : ces sacrées petites bêtes que sont les damans des arbres et des rochers ou « hyrax ». Adorables « souris » toutes rondes qui, le soir venu, poussent leur cri incroyable et épouvantable : « d’abord un grincement de vieille porte, puis des cris d’agonie, enfin des pleurs d’enfants. On dirait la bande sonore d’un film d’horreur » cette définition donnée par Mama Daktari me parait tout à fait juste, fous rire avec Christel quand ils se déchainaient, vous me manquerez les Damans !
Un autre spectacle saisissant était celui des colobes (Black and White Colobus) sautant d’arbres en arbres, laissant flotter leur « manteau et queue » blancs, quelle grâce !
Merci à Korir pour sa curiosité et le partage de ses connaissances sur la faune kenyane.
Les animaux domestiques ne sont pas en reste : la remise gratuite de harnais pour les ânes, grâce au partenariat avec le KSPCA, est je pense, le moyen le plus efficace et concret pour stopper leurs souffrances.
La vie à Muringa Farm apporte calme, joie de vivre et sérénité. Les 2 ânesses, reconnaissantes des soins que nous leur avons apportés, nous accueillent joyeusement. Les chevaux, dont Santos que je montais, ont besoin de temps pour s’habituer aux nouveaux visiteurs.
Merci à Benjamin et Vincent pour leur patience, leur calme et leur explications, nous avons découvert les alentours de Subukia de façon originale, notamment depuis le magnifique point de vue situé à l’ouest, sur la Rift Valley, quelle magnifique région !
L’accueil joyeux des chiens et de la chèvre Lolita peut mettre de bonne humeur n’importe quel endormi !
Le calme du site m’a apporté beaucoup de bien-être et le confort suffisant (eau chaude et électricité, bien que quelques fois en arrêt, pas d’insatisfaction ni de stress ou de mécontentement, qu’à cela ne tienne, la lampe à pétrole pour manger ou lire, ça a son charme !)
Les repas préparés par Godfrey et Abigail étaient toujours savoureux et équilibrés. Merci pour le cours de cuisine sur le porridge, délicieux !
Activités avec supplément à Nairobi :
Orphelinat des éléphants Daphné SCHELDRICK : Quel plaisir de voir ces éléphanteaux orphelins se régaler de leur biberon, se débattre dans la boue et accourir vers le soigneur qui laboure le sol pour s’en enduire le corps ! Quelle émotion aussi à l’écoute de leurs histoires : certains éléphanteaux tournaient depuis des heures autour du cadavre de leur mère tuée par des braconniers, avant d’être recueillis… Comment certains hommes peuvent-ils être aussi barbares et insensibles, tandis que d’autres sont si généreux et bienveillants, accompagnant leur protégés pendant des années jusqu’à leur réintroduction.
Centre de réintroduction des Girafes : J’ai craqué pour ces belles dames girafes, quelle classe ! Et quelle impression bizarre d’être plus haute qu’elles, leur tête fait au moins 60 cm de long ! Certains se sont fait prendre la friandise dans la bouche, très peu pour moi… !
Merci à Astrid et Erick d’avoir pensé à une telle formule, de l’avoir élaborée et mise sur pied avec tant d’efficacité : permettre aux touristes de découvrir ce beau pays de façon authentique, en y associant la solidarité par l’aide aux plus démunis et la protection des animaux, bravo et mille merci !
Le Kenya, c’est sûr, j’y reviendrai un jour !
Laetitia Flaesch: laetitia-flaesch@orange.fr

Christel, 44 ans, de Colmar (Alsace):
Passionnée d'animaux et de protection animale depuis toujours, je suis partie une première fois en 1994 en tant qu'éco-volontaire, puis éco-guide l'année suivante, dans le cadre d'un programme de protection des mammifères marins en mer de Ligures, et j'avais adoré cette expérience de vie sur un bateau à observer les petits rorquals et autres globicéphales qui venaient nombreux se restaurer dans cette zone riche située entre Marseille et la Corse.

Le programme avait abouti à la création d'un sanctuaire marin, mais sans interdire ou contrôler de façon stricte la navigation hélas,
...mais ceci est une autre histoire...

Pas question d'eau et de bateau cette fois, mais de terre ferme et si possible de pays lointain, de dépaysement, d'animaux sauvages et familiers, le tout dans un certain confort... ou du moins mon amie Lætitia et moi même voulions éviter une « survival expérience » à la Koh Lanta ! Le net propose toutes les formules possibles et dans cette jungle d'offres, je me rappelle encore du jour ou Lætitia a trouvé le programme proposé par Astrid et Eric au Kenya il ya plus d'un an, programme qui nous a immédiatement beaucoup plu et intéressé ! Et par la suite, tous les échanges avec Astrid et les différents commentaires des autres écovolontaires ont confirmé et même renforcé cette première – excellente - impression.
Le Kenya, j'en gardais des images fortes et précises d'un séjour réalisé avec mes parents et des amis quand j'avais 7 ans...en 1974 :
• Lions se cachant derrière les minibus pour observer les gnous sans être vus (eh oui, déjà à l'époque !)
• 5 ou 6 minibus autour d'un malheureux guépard au pied d'un arbre,
• le majestueux Kilimandjaro au petit matin en sortant de la tente,
• les éléphants par centaines,
• les Maasaï qu'on paye pour sauter sur place...
La petite fille d'alors avait vécu la première et parmi les plus grandes hontes de sa vie et l'adulte s'en souvenait !

Alors oui, mille fois oui pour des séjours « d'écotourisme » ou « tourisme responsable » comme le proposent et l'organisent merveilleusement Astrid et Eric, au milieu des animaux sauvages et domestiques, dans un cadre magnifique, à 2000 mètres d'altitude en plein cœur de la Rift Valley, berceau de l'humanité ou vécu Lucy, petite australopithèque... et bien bien plus tard, dans les années 70 à 90, la célèbre « Mama Daktari » originaire de Mulhouse par son père, une voisine donc pour nous qui vivons à 40 kilomètres dans les environs de Colmar, perle du vignoble en Alsace.
De ce très agréable séjour de 2 semaines, je garde une tendresse particulière pour les ibis « hadada », et leur cri de casserole strident à la naissance et tombée du jour, les splendides colobes (singes à la robe noire et blanche timides et discrets.. qu'ils le restent surtout longtemps !),
le cri d'agonie de l' « hyrax », ou daman des arbres, qui semble mourir de s'être pris le pied dans une porte, (blague à part, c'est vraiment ça son cri, un gros grincement de porte suivi d'un hurlement d'agonie!) le « house snake » dont hélas on n’a vu que la queue.. les martins pêcheurs pygmées et géants, les ibis sacrés, les grues à tête couronnée (et non pas cendrée comme je le pensais, - j'en profite pour remercier mon papa, pour ses lumières.. infinies en matière d'animaux !), tous ces oiseaux magnifiques à observer en prenant un délicieux repas au restaurant situé au bord d'une petit lac… La journée au parc Nakuru fut également un moment de pur bonheur absolu et je n'oublierai jamais la vision de centaines de pélicans et flamants roses au repos ou pris dans une ascendance haute de plusieurs centaines de mètres observée depuis le point de vue à couper le souffle où nous avons pique-niqué !
J'ai adoré me balader à cheval en compagnie de Vincent (pour 100 !) ou Benja, et à propos de cheval, j'ai encore en tête le cri de plaisir d'Astrid découvrant ENFIN un être humain adulte à la taille proportionnée à celle du petit « Justice »... ma pomme donc, culminant les bons jours à 1m52 !
Beaucoup de bons et beaux moments aussi en compagnie de Korir, notre guide animalier qui nous a également accompagnées pour la plupart des sorties à l'extérieur : à l'orphelinat, à l'école des enfants réfugiés, lors de la remise des harnais neufs pour les ânes, au parc Nakuru et dans toutes les observations d'animaux sur place. Korir est vraiment expert en matière de connaissance des espèces et de leurs caractéristiques, mais pas seulement ! Il est également doté de grandes qualités humaines, d'un sens certain de l'humour (il a très gentiment apprécié le mien !), d'une grande ponctualité/fiabilité, d'une gentillesse et patience à toutes épreuves et d'une passion pour les animaux qu'il était manifestement heureux de partager !
Nous avons été très gentiment accueillies partout, et sans jamais se sentir de trop, dans le plus grand respect à la fois des gens, des animaux sauvages et domestiques et de l'environnement. Le programme concocté par Astrid et Eric est très bien organisé, complet et permet de découvrir le Kenya comme jamais aucun safari, même de grand luxe (surtout de grand luxe !) vous permettra de le faire ! Et si comme moi vous aimez à la fois les chiens et le nettoyage (sic !) eh bien c'est possible d'allier les 2 ! Dans notre élan avec Lætitia, nous nous sommes mêmes attaquées à faire reluire les gamelles après la douche « déparasitante » des toutous, sous une pluie tropicale !
Enfin, j'ai été ravie de découvrir que contrairement à ce que j'imaginais, il n'y a pas ou très peu de chiens errants et faméliques au Kenya. Les quelques chats que nous avons vu par contre, semblaient très mal en point mais ils sont rares et plutôt délaissés que directement maltraités. Enfin, de nombreuses poules, vaches, ânes, chèvres et moutons font leur vie au milieu des hommes, en semi ou totale liberté, et ma foi semblent plus heureux que nos animaux de batterie.
Les colobes et blue monkeys passent d'un coin à l'autre de la propriété, mais les babouins ont disparu dans cette partie de la Rift Valley, pas très urbanisée mais très cultivée partout, par du maïs en grande partie.

Et si vous pensez (comme moi avant d'y aller) qu'Astrid passe ses journées à stériliser et panser les plaies de toutes sortes d'animaux, vous avez tout faux et tant mieux, car elle et Erick ont fort à faire entre la gestion du personnel qui s'occupe avec eux des 6 bandas, des 5 chevaux, des 6 chiens, du chat, des 2 ânesses, des dindons, des oies, du bébé daman, des 17 vaches et 17 moutons … qui doivent absolument éviter de se reproduire car Astrid et Erick ne vendent ni ne tuent aucun animal arrivé ou né sur leur arche...
Fou rire quand nous avons découvert la ceinture de chasteté destinée à empêcher monsieur mouton d'aller honorer mesdames...
... Et j'allais oublier Lolita, la chèvre taquine amatrice de passes, Olé !

Je vous souhaite à tous longue et belle vie et vous remercie de faire partie des Justes, ceux qui croient que toute vie, animale comme humaine, est respectable et doit être protégée. Aux âmes chagrines qui s'en offusqueraient, je répondrais qu'ils aident AUSSI, et de façon régulière et importante, un orphelinat ainsi qu'un camp de réfugiés, et par le travail octroyé à leurs employés permettent à plusieurs dizaines de personnes de vivre dignement dans un pays ou la pauvreté s'allie trop souvent à la saleté et au dénuement le plus complet pour créer des vies que pour ma part je juge assez misérables. Les enfants ont l'air joyeux pourtant, mais les adultes rêvent d'ailleurs pour beaucoup, alors soyons heureux de vivre ici et pour ceux qui le peuvent et le veulent, allez-y, vous serez surpris probablement mais pas déçus !
En avant-goût, je vous invite à relire « Le lion » de Kessel, un chef d'œuvre et concentré de l'esprit du Kenya, et si vous le trouvez aux Puces ou sur le net " On m'appelle Mama Daktari " d'Anne SPOERRY, qui se lit très vite et facilement et raconte sa vie à Muringa Farm entre autres, et ses rencontres avec ces grands hommes que j'ai tellement admiré et dont j'ai dévoré tous les livres tels Christian ZUBER...
Encore un Aaaalllsacien, vous zallez pas me croire, Yoooo !
Christel Georget: christel_cie@yahoo.fr