Les matatus qui roulent vite sur des routes non balisées,
les trous qu’ils évitent et qui les font rouler du côté de la route où nous
arrivons, se rabattent au dernier moment. Quelques frayeurs donc. Et toujours
beaucoup de gens qui marchent de chaque côté de l’asphalte.
Puis l’arrivée à Muringa Farm, de nuit. Accueil chaleureux
et plus trop de souvenir de la suite de ce soir-là. Premier petit déjeuner avec
des crèpes excellentes que l’on va apprécier tout le long du séjour. La cuisine
sera excellente matin midi soir avec un Ali fort sympathique, passionné de foot
et qui connait quelques mots de français, assisté de Caroline, très discrète
mais toujours souriante. Manger des plats variés et gouteux dans un
environnement que l’on peut dire paradisiaque où dès le matin nous pouvions
observer les oiseaux.
La présentation ensuite par les hôtes (Astrid et Erick) de
la maison de Mama Daktari (qui est maintenant la leur) m’a beaucoup intéressé.
Tout en connaissant ce nom je n’avais rien lu sur cette femme au tempérament
bien trempé qui force l’admiration. Cette maison au milieu de la verdure et des
animaux ressemble vraiment à un havre de paix.
Dans le parc nous avons nos bandas avec juste ce qu’il faut
pour se sentir bien. Le soir nous nous endormions au son des feuilles des
arbres qui bruissent et aux cris d’animaux divers et variés. L’emploi du temps
que nous a confectionné Astrid est varié et a été fait en fonction de nos
envies et de nos capacités. Une alternance de visites à la population locale
(école, maisons keyanes, orphelinat) de découverte de l’écosystème, de trekking
et de temps libre.
Nous étions encadrés durant toutes ces activités par des
guides très compétents, très disponibles, toujours à notre écoute. Même si je
ne parlais quasiment pas l’anglais je ne me suis jamais sentie exclue. Il faut
dire que j’avais deux traducteurs à disposition en la personne de ma fille et
de son ami.
Nous avons été essentiellement encadré par Edwin et Korir.
Aussi professionnel l’un que l’autre, ils avaient beaucoup d’humour également.
Même si Marine nous avait beaucoup parlé de Muringa Farm,
j’arrivais ici sans savoir à quoi m’attendre. Découvrir l’Afrique dans les conditions
que vous nous avez proposé me donne envie d’y revenir ou du moins de m’y
intéresser davantage, par la lecture, des documentaires pour prolonger ce
voyage au-delà de mon retour en France.
Bien sur il y a la misère indissociable de l’Afrique. C’est effarant
de voir dans quoi vivent les kenyans pauvres. Et en même temps je me dis qu’il
y a de l’argent quand je vois les gros 4*4 qui nous doublent sur les routes
défoncées. De même d’énormes maisons dans les quartiers un peu plus propres des
villes.
Guy, 56 ans, Français:
Le noir et la lumière.
Huit heures.
Nous émergeons d’un trop court sommeil et nous voilà plongés dans le
fourmillement de Nairobi. Progressant au cœur des matatus et des quartiers
pauvres, toujours loin du centre, c’est mon premier contact avec l’Afrique.
C’est pour elle que je viens. Elle m’attire depuis longtemps.
Ma première réaction va colorer mon
séjour : « c’est vraiment pauvre ». Des enfants pieds nus,
des habites guenilles, des marchands de « rien », des bidonvilles
coupés par un équivalent de périphérique sans autre possibilité pour leurs
habitants que de se lancer dans ce flot de voitures pour atteindre l’autre
berge.
Et puis des plastiques. Des plastiques
partout ! Le nouveau président veut s’attaquer à ce problème. Bon
courage !
Mais bon…
C’est Nairobi, la grande ville du pays et nos grandes villes n’ont rien à leur
envier avec leurs couronnes de pauvres toujours repoussés en périphérie.
Peut-être dans un pays pauvre y a-t-il plus de pauvres ?
Notre mue
temporaire en éco-volontaires peut tout de même commencer. Les éléphants
orphelins viennent nous amuser pour qu’on les aide à survivre eux aussi. Nous
donnons à manger à Daisy, la girafe de Rotschild et nous retrouvons les
difficultés sociales et son pendant humanitaire au sein de la Kazuri factory.
Un travail d’usine pour des objets d’arts, le tout manuel et féminin.
Quatre heures
plus tard, nous voilà à Muringa Farm. Malgré la nuit, l’accueil est chaleureux,
comme il le sera durant tout le séjour. Politesse et gentillesse auraient
d’ailleurs pu être les deux mamelles de Muringa Farm, mais grâce à l’addition
des qualités individuelles de chacun des membres du staff, ce lieu possède au
final bien plus que deux mamelles… Disponibilité, compétence, discrétion…
peuvent y être ajoutées aisément. Tout est fait pour nous rendre le séjour
agréable et, indéniablement, c’est une réussite. Hakuna matata !
Car si Muringa Farm est avant tout le havre de
nature, de faune et de flore voulu par Astrid et Erick, c’est aussi un lieu de
rencontres humaines. Le staff est kenyan et pour le touriste curieux et
respectueux des différences culturelles que je suis, c’est un plus.
Autre langue, autres us (notre comté jurassien, malgré sa texture, son
goût et son arôme, n’a pas su emporter l’enthousiasme de l’équipe – sauf pour
Astrid et Erick, racines obligent – tout comme le porridge de l’école du camp
des réfugiés n’a su dégager un consensus chez nous, les blancs), autres
traditions,… même humanité.
Muringa Farm est aussi ouverte vers l'extérieur:
-
Visite à subukia, le « village » de la
vallée, avec sa misère et ses sourires. La face noire et la face lumineuse.
-
Visite à l’école du camp de réfugiés de Subukia,
conséquence des affrontements ayant suivi l’élection présidentielle de 2007.
Nous apportons quelques dons d’anonymes qui aideront, modestement, Ariette dans
son action bénévole auprès de 50 enfants de 3 à 7 ans. Cours d’alphabétisation
(en swahili et en anglais), cours de calcul, porridge et jeux avec les enfants.
Des instants de bonheur partagés. Nous rapporterons précieusement leurs dessins
pour nos donateurs.
-
Visite à l’orphelinat de Liliane. Ici aussi
Astrid et Erick, via ASES, une association française, participent
financièrement à l’éducation de 24 jeunes pris en main depuis 10 ans par une
vieille grosse dame de 78 ans, aux genoux usés et au sourire inusable. Le noir
et la lumière.
-
Trekking chez Samweal, un membre du staff, dont
la femme nous confectionne un repas traditionnel. Ils nous ouvrent un peu de
leur intimité. C’est toujours pauvre mais un peu jour de fête. Demain Christine
va fêter ses un an et Joyce, sa sœur, ses 7 ans. Les enfants ont droit à une
sucette chacun. Steven et Naomi danseront pour nous sur la musique du téléphone
portable de Jane, la maman. Autre moment
d’échange après le partage avec Samweal des beautés de sa terre.
Bien
sûr, il y a eu Thomson’s falls et leur curios shop (How much ?...
For you, I do… It’s too expensive…),
the view point et… les curious shop (How much ?...).
On peut aussi
ajouter la découverte de la culture du thé (merci messieurs les anglais) et du
café. On approche un peu les différences sociales. Le riche propriétaire
terrien (ici l’église anglicane) et sa main d’œuvre à qui il offre un
travail.
Mais nous sommes
au Kenya et il ne faudrait pas oublier les animaux !
Muringa Farm en
abrite de nombreux, domestiques et sauvages, que les séances d’observation des
oiseaux et des singes, avec Edwin notre spécialiste, nous ont permis
d’approcher. Les couleurs des petits martins-pêcheurs ou des mangeurs
d’abeilles… ! La curiosité des cercopithèques et les sauts des
colobes… ! Un vrai plaisir.
Ajoutez
à tout cela les temps de safari avec un rhinocéros noir qui traverse la route
devant nous pour faire le show (parce que Korir avait « senti » qu’il
allait le faire…), des buffles males fiers et hautains qui nous observent à
trois mètres, ou cette lionne avec ses deux filles qui se prélassent
indifférentes de notre jeep qui stationne à côté d’elles. Que d’images…
Pour finir, j’en garderai une dernière
comme symbole de cette Afrique que j’étais venu rencontrer, symbole de cette
symbiose entre l’Homme et la nature, entre l’Homme et l’animal. Ce sera celle
des hippopotames de Nyahururu. Cet animal dont les charges à plus de 30km/h
sont souvent mortelles pour l’imprudent. Cet animal considéré comme le plus
dangereux par les africains. Cet animal est là, à côté de leur village, au
milieu de leurs champs, de leurs bêtes, de leurs enfants et les deux
cohabitent. Le noir et la lumière.
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